Catia Esteves est une architecte portugaise de 26 ans. Elle est designer, créatrice, artiste.
Elle fabrique à la main d’étranges luminaires qui subliment les murs. J’ai eu la chance de pouvoir lui poser toutes les questions qui me taraudaient.
La lampe GOTA
Clem – Quand je vois tes lampes, la GOTA – je pense à une goutte qui tente de tomber ou peut être à un nid suspendu. Est-ce cela qui t’a inspiré ?
Catia Esteves – Je ne pensais pas à la symbolique du nid suspendu. Par contre, GOTA est mon interprétation personnelle de ce phénomène tellement éphémère – lorsque la goutte tente de tomber. Quand les oeuvres sont en contact avec le public, elles gagnent une nouvelle vie. Grace au référentiel de chacun, les interprétations différent et je trouve cette échange magnifique. J’ai déjà entendue d’autres propositions, comme par exemple une ruche d’abeilles. Mais je suis heureuse de voir le constant rapprochement avec la nature.
Clem – Comment t’est venue l’idée d’une suspension géante ?
Catia – Par ma formation en architecture, j’ai été sensibilisée à la question humaine et à l’adéquation avec l’espace, la matière… Le slogan de GOTA, qui d’ailleurs signifie goutte en portugais, est “La dernière Goutte”. Le but est d’émerveiller le public par la façon donc nous nous approprions des ressources naturelles.
La collection GOTA est composée de quatre modèles, quatre matériaux du quotidien que nous récupérons pour leurs donner un nouvel aspect, une nouvelle identité et une nouvelle vie. Pour GOTA j’ai voulu exploiter le potentiel de chaque matière, en la sublimant telle quelle. Plus le rythme de la vie s’accélère, plus nous avons besoin d’un retour en arrière – enlever le superflu et aller à l’essentiel.
Entretien avec Catia Esteves
Clem – J’ai pu lire que tu aimais particulièrement ” la lumière”. Pense-tu rester dans le luminaire, en faire ta spécialité, ou te diversifier?
Catia – Je vais me diversifier, je suis une personne très curieuse. Parfois architecte, désigner, artisan, artiste plastique, parfois juste une spectatrice … Tous les jours nous sommes bombardés d’information et des questionnements, donc pour moi, m’exprimer par la création détachée de fonction est fondamental. Par contre, l’entreprise Catia Esteves va continuer à travailler la lumière par l’association de trois domaines de l’Art : l’architecture, le design et l’artisanat. Pour l’instant nous avons deux collections de luminaires, composées seulement des pièces uniques. Et nous avons aussi un service d’architecture d’intérieur que fait des luminaires et installations sur mesure.
Clem – Quelle matière préfères tu travailler ?
Catia – J’aime bien travailler tous les matériaux, chacun a un potentiel particulier. Pour la sélection, je considère le contexte où il doit s’insérer.
En tant qu’artisan, je préfère travailler le papier. Issu 100% de papier recyclé, ses propriétés plastiques m’offrent beaucoup de liberté d’expression. Cette matière donne aussi la possibilité de travailler la couleur, quand on l’associe à des pigments. Donc c’est vraiment amusant, et son potentiel est énorme. En tant qu’architecte, j’adore travailler le carton.
Comme cette oeuvre est composée par deux modules, elle s’adapte aux usages de ses propriétaires, et ça le donne un potentiel très intéressant.
Clem – Ce n’est pas trop difficile de fabriquer une lampe aux formes régulières avec du fil de fer ?
Oui, en effet c’est la plus difficile de réaliser. Cette pièce unique est en fait une “peau” de fil de fer. Elle est tissé sur un moule. Le croisement de chaque fil doit être réfléchi, car il contribue à une structure solide. La réalisation de ce luminaire peut prendre jusqu’a 3 semaines de travail. Le résultat de ce travail minutieux est très intéressant, car la légèreté que le matériau et donc du luminaire contraste avec le caractère dynamique de ses ombres projetées.